Barbara, Brigitte, Salazar, Éric et les autres…

Le rhinocéros observe l’aigle noir qui observe Barbara-Brigitte

« Chouette » vernissage « Salazar de chair et d’acier » et superbe récital hier soir, samedi 25 novembre 2023, devant + de 40 personnes.

Bonsoir,

Après la superbe exposition « De fil en aiguille », qui concernait l’art textile, voici dans son prolongement, de l’acier, de la terre, du fil de fer, des émaux de Briare, cousus, tissés, délicatement entrelacés, entremêlés, non pas grâce à des aiguilles, mais grâce à un burin, grâce à un marteau, à une meuleuse ou un chalumeau.

« SALAZAR DE CHAIR ET D’ACIER »

Nous ne nous connaissions pas et la première fois que j’ai entendu
parler de Philippe Salazar, c’est par une autre artiste, tout aussi délicate, un peu art brut tout d’même, mais jouant admirablement bien sur un autre registre, ne tissant pas des fils de coton, car tissant plutôt des cordes, des cordes vocales, ses cordes vocales !

Brigitte Balleys est son nom, mezzo-soprano est son état.

C’est lors d’un de ses récitals où elle interprétait Barbara, que je t’ai connu, Philippe Salazar, et que j’ai rencontré ton aigle noir, tout droit sorti de tes chimères et de tes nuits blanches, tout comme ce soir d’ailleurs, où nous pouvons à nouveau l’observer, comme en son temps, il observa Barbara.

Tu es plasticien, tu sculptes, tu travailles la terre aussi bien que le béton et le métal.
Tes maîtres se nomment Niki de Saint Phalle, Gaudi, le Facteur Cheval…
Tu peins, tu associes avec art des fragments colorés de mosaïque,
tu es un spécialiste de la patine, tu es céramiste, tu recycles, tu récupères les rebuts de la société que tu transformes, allant même jusqu’à les recouvrir d’or !
Pour en faire des insectes, des arbres, des rhinocéros, des oiseaux, des scarabées…
Si bien…
Que je préfère continuer mon propos en vous lisant cette citation,
cette réflexion sur l’artiste et le recyclage, de Wajdi Mouawad
qui est aussi plasticien, en même temps que dramaturge, écrivain et directeur du Théâtre national de la Colline à Paris.

« Le scarabée est un insecte qui se nourrit des excréments d’animaux autrement plus gros que lui.
Les intestins de ces animaux ont cru tirer tout ce qu’il y avait à tirer de la nourriture ingurgitée par l’animal.
Pourtant, le scarabée trouve, à l’intérieur de ce qui a été rejeté, la nourriture nécessaire à sa survie grâce à un système intestinal dont la précision, la finesse et une incroyable sensibilité surpassent celles de n’importe quel mammifère. De ces excréments dont il se nourrit, le scarabée tire la substance appropriée à la production de cette carapace si magnifique qu’on lui connaît et qui émeut notre regard :
le vert jade du scarabée de Chine, le rouge pourpre du scarabée d’Afrique, le noir de jais du scarabée d’Europe et le trésor du scarabée d’or, mythique entre tous, introuvable, mystère des mystères.
Un artiste est un scarabée qui trouve, dans les excréments mêmes de la société, les aliments nécessaires pour produire les œuvres qui fascinent et bouleversent ses semblables.
L’artiste, tel un scarabée, se nourrit de la merde du monde pour lequel il œuvre, et de cette nourriture il parvient, parfois, à faire jaillir la beauté. » Wajdi Mouawad

Un grand merci à toi, Philippe « Salazar de chair et d’acier », avec toutes tes œuvres que tu as accepté d’installer pour 2 mois à la maison du pont.
Nous te souhaitons beaucoup de succès.
Un grand merci à vous pour votre présence, un grand merci à Brigitte et Éric, sans oublier Laurent, l’organisateur de cette série de récitals.

À toi la parole Philippe et ensuite place aux chaises et concert avec Brigitte Balleys et son pianiste Éric Serantola.